BIBLIOGRAPHIE

Vous pouvez lire des extraits de certaines oeuvres en cliquant sur

Petite bibliographie relative à Pornichet
et plus largement aux bains de mer
  • " Voyage pittoresque dans la Loire inférieure " (1823)
    E. RICHET

  • " Histoire et géographie de la Loire inférieure " (1895)
    E. ORIEUX et J. VINCENT
  • " La Presqu’île Guérandaise " (1897)
    E. AUZOU
  • " Pornichet et ses environs par un groupe d’amateurs "
    E. F. ; LECHAT BOILIBE
    Participation: Docteur FOURREY ; Mme MORGANE; M. et A. FISHER, L. DESCLOUX ; L DURUPT
    Et préface de C. FLAMMARION

  • " Prestige du pays de Guérande "
    " Voyageurs pour Guérande à l’heure du romantisme "
    (1967)
    P. De La CONDAMINE
  • " Le tourisme à La Baule et en Presqu’île Guérandaise " (1976)
    J.B. VIGHETTI

  • " Pornichet, Plage des Libraires " (1984)
    J. M PIERRE

  • " Mémoire en Images : Pornichet " ED. Alan Sutton, Rennes
    P. AUCLAIRE

  • " Pornichet, Sites et Célébrité " (1996)
    J. C. EMPEREUR

  • " La Baule " (1995)Ed. Vivre ici
    C. LEGRAND

  • " La côte d’Amour , de Saint-Nazaire au Croisic"
    Alain François LESACHER
    Participation: Monique SCLARESKY "Hier et Aujourd’hui "; Eric CATTIN Ed. OUEST France

  • " Nantes, imagerie de son histoire " Ed. Collection mémoire d’une ville
    Jean BRUNEAU

  • " le territoire du vide "   approche de la mer hier
    Alain COBIN

  • " les plages de France " 1880
    BERTALL

  • "Lettrines"
    " Préférences "

    Julien GRACQ
  • " L’Auvergnat de Paris "
    Aimé COULAUDON

  • " L’Art de Brunir "
    Hortense CLOCQUIE

  • " Enfance " Ed. Gallimard
    Jacques PREVERT
  • " Des bains de mer aux tractions avant "
    LAROUSSSE

  • "Le Pouliguen, La Baule : L’épopée des bains de mer "
    Sophie DANET et Paul BAUDUZ

  • " 100 ans de tourisme en Bretagne " (1997)
    Catalogue d’exposition MST Rennes 2

  • " Sur la plage "
    Jean Didier URBAIN
  • " Les vacances, un rêve, un produit, un miroir "
    Collectif ed. AUTREMENT

  • " Vacances en France  de 1830 à nos jours"
    André RAUCH

Ainsi que quelques ouvrages ayant trait à la Bretagne ou à la mer des auteurs suivants :

FLAUBERT et DU CAMP , BALZAC, Jules RENARD, MICHELET

 

Un autre regard ...

 

  • " Quand nos grands pères imaginaient l’an 2000 " chez Nathan en 91
    Guillemette RACINE

  • " Le Livre des colos "
    Jean HOUSSAYE

  • " Petits trains du Morbihan et de Loire inférieure "
    René HULOT

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


"Nous passâmes à travers le pauvre hameau de Saint Sébastien, par un chemin creux qui s'allonge tristement entre de hauts talus couverts de haies, nous gagnâmes la bourgade de Pornichet. Nous franchissons un ruisseau sur deux planches vieilles et flexibles posées à chaque rive dans un amas de cailloux qui sert de pilier. J'aime ces ponts improvisés qui touchent presque l'eau, qui plient, se balancent, se creusent au milieu et rebondissent sous le pied qui les traversent."

Voyage en Bretagne. Par les champs et les grèves.

(Voyage effectué en 1847) Gustave Flaubert - Maxime Du Camp Réédition, Bruxelles Editions Complexe, 1989 (1ère édition en 1885).

 

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"La proximité de Nantes et de Saint-Nazaire donne beaucoup de vogue à ce petit endroit où l'on va en famille, et sans pose aucune … Mais il arrive aussi des baigneurs de bien loin et la réputation de Petit Pornichet a si bien grandi que l'on signale des déplacements de plusieurs familles venant de Lyon, Saint-Etienne, Bourges… D'autres amoureux de ce coin de terre et de mer ont réuni des capitaux et se proposent de donner un développement tout à fait élégant à cette station. Si la mode s'en empare, bien des gens, sans nul doute, regretteront le sans façon, la liberté grande et le bon marché qui s'y rencontre maintenant".

Les plages de France - BERTALL - 1880

 

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" …de Saint-Marc à Sainte-Marguerite la route ne passe pas par Chémoulin. Reprenons la au hameau de Pez … Elle s'infléchit et bientôt traverse de pauvres hameaux, si pauvres qu'on pense aux masures des siècles derniers, à celles qu'ont peintes les frères Le nain. L'heure ne les a pas transformées. Le chaume les couvre encorte, parsemé de joubarbes ; le tas de fumier sert de vestibule, et le purin coule sous les fenêtres. Pas de carreaux, la terre battue ; presque pas de fenêtres, la porte mal jointe. C'est la misère. Sous ce beau ciel, si gai, si près des jolies villas où les riches s'ennuient de ne savoir où dépenser leur argent, ces gens-là ont faim, s'épuisent et ne demandent pas."

La presqu'île guérandaise - Emile AUZOU - 1897

 

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Julien Gracq - Lettrines.

Ecrivain français né en 1910 à Saint-Florent-le-Vieil. Auteur de romans marqués par le surréalisme : "Au château d'Argol - 1938 ; le Rivage des Syrtes - 1951 ; Un beau ténébreux - Lettrines.

Il passe des vacances à Pornichet à l'âge de 10 à 12 ans, dans la villa Ker Louise, située derrière la Chapelle Sainte-Anne (quartier Pointe du Bec).

"En dix ou douze ans, l'idée que je me faisais de la vie luxueuse s'était centrée sur le casino de Pornichet, où je passais chaque été une quinzaine. Je l'avais vu fermé pendant toute la guerre, tandis que se délavait peu à peu à son fronton l'ignominieuse appellation de Kursaal qui avait dû lui valoir ce congé d'infamie. Il n'ouvrait alors que pour quelques fêtes de charité au profit des blessés de guerre, fête où ma sœur et ma cousine allaient faire leur partie dans les cantates composées par l'abbé C., vertueux ecclésiastique local qui avait, me semble-t-il, un faible pour l'harmonie imitative : le finale d'une de ses compositions, quand je passe devant le bâtiment aujourd'hui transformé, me revient parfois en mémoire, avec ses notes s'élevant par paliers comme la marée montante :

Sur la mer - sur la mer - sur la mer
La brise est revenu-e

Avec l'armistice, le Kursaal fut balayé, repeint, rouvert, et rebaptisé Casino, après, je pense, une discrète cérémonie expiatoire. C'était un établissement bien modeste : à l'arrière, côte à côte, un bar et une salle de jeux donnaient sur une maison pelouse gagnée sur le sable des dunes ; on y voyait encore pousser ces menus œillets maritimes odorants dont les estivants ont depuis, je pense, éteint l'espèce -deux ou trois cèdres, assez beaux, en faisaient le fond et la séparation des villas. Mais, devant, il y avait une grande terrasse, couverte d'un velum, qui surplombait la plage et où on accédait par un escalier qui plongeait directement dans le sable ; le vent de mer y circulait partout dans un vaste claquement de toile. Rien n'était gai au soleil de cinq heures, quand la mer était pleine, comme cette terrasse claquante de vent qui s'avançait en proue et dominait le sable d'un bordé de navire, ceinturée par les cris, le remue-ménage de fête de la marée haute. Mais la fête, c'était surtout le soir, quand il y avait cinéma. On tendait un écran de toile sur le bord de la terrasse, face à la mer : de chaque côté du drap magique, quand la mer s'approchait, on voyait naître au fond de la nuit et crouler l'une après l'autre de fantomatiques barres blanches, dans un tonnerre qui allait croissant : ces grandes orgues de la nature, qui envahissaient peu à peu la scène, ajoutaient beaucoup pour moi à l'émotion montante du drame : autour des guéridons de faux marbre, où nous buvions des citronnades, les spectateurs frissonnaient un peu et se pelotonnaient dans leurs manteaux, et je crois même quelquefois leurs couvertures. J'ai du voir là les films de Gloria Swanson, de Pola Negri, peut-être même les Mystères de New York : je garde de ces soirée aujourd'hui encore, malgré moi, l'idée indéracinable que la citronnade est un breuvage de luxe, qu'on ne saurait se permettre en toute occasion. Nous revenions à la maison non par les avenues des villas -car les blousons noirs du temps qui devaient être de jeunes ouvriers de Saint-Nazaire venus en bicyclette, y menaient parfois leur tapage vers minuit et effrayaient les baigneuses attardées avec des chansons obscènes - mais par la plage toute noire, et nous regardions longtemps en nous retournant le long et parfait collier de lumières qui ceinture la baie ; l'odeur du cupressus glissant dans le noir par dessus la haie de fusains annonçait la villa- puis, la porte ouverte, la senteur fraîche de sapin lavé qui était l'odeur même des vacances nous accueillait ; par la fenêtre de la chambre le bruit de la mer revenait plus faiblement, et l'émotion de la soirée continuait de déferler avec les vagues jusque dans le sommeil, qui venait très vite après ces journées fouettées par le vent de mer. Mais, depuis ces parfaites soirées de l'enfance, le désenchantement de la rue, du taxi, après le spectacle, m'est toujours resté pénible.

Un peu plus tôt encore, -sans doute dans les dernières années de la guerre- je me souviens d'une époque où on montrait encore le cinéma, comme on montre des chiens savants. Un forain tendait derrière les dunes, dans les terrains vagues qui bordaient alors la grande place de Pornichet, un rectangle de cordes, y disposait quelques bancs et un écran tendu sur deux perches : pour quelques sous, on avait droit à la nuit tombée à d'invraisemblables bandes laissées pour compte, je pense, par quelques ligues anti-alcoolique après saisie - les textes intercalaires manquaient, et, du fond de l'ombre, la voix du présentateur commentait la démarche de l'ivrogne aux belles moustaches gauloises qui poussaient la porte d'un estaminet.

Il s'en va't' encore z'au bistrot.

L'ivrogne s'accoudait au zinc, lissant d'un revers de main cynique les moustaches qui se retroussaient sur des canines d'assassin.

Servez quatre verres de vin z'a Monsieur

Sous l'aile de la mère de famille, au fond du bouge, les bambins sanglotaient. Mais soudain le spectacle devenait muet, car, le dîner fini, les têtes des badauds une à une pointaient de l'ombre au-delà des cordes, et la basse caverneuse de l'alcoolique, abandonnant en perdition au bord du zinc un pantin gesticulant et aphone, tonnait sans autre préambule contre les resquilleurs.

Pornichet encore : à l'époque où j'y passais mes vacances, les pins des dunes qu'on avait enclos dans les jardins assez spacieux des villas y tenaient beaucoup plus de place qu'aujourd'hui ; le remblai n'existait pas, et une murette submergée de sable séparait seule les cours des villas de la plage : une piste en montagnes russes les longeait, épousant les premiers mouvements de la dune encore plantée d'oyats. dès que je débarquais à la gare, l'odorat pour moi s'éveillait là comme nulle part, s'aiguisant en passant et en repassant sans cesse au gré des avenues la ligne de crête qui partageait la petite ville en deux versants d'épaisses senteurs : d'un côté le varech mouillé, de l'autre la résine chaude, -et l'une et l'autre me dilatent encore la narine comme ne l'a fait aucune odeur."

 

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"[…] Et l'on partait, nous aussi, en vacances. Pas en Provence, mais en Bretagne, la petite Bretagne, disait mon père, puisqu'il paraît, et c'est un peu vrai, que la grande c'est le Finistère. Les vacances, c'était pour mon frère, ne plus aller à l'école ; pour mon père, échapper à la providence ; pour moi, c'était la mer. Nous allions à Pornichet dans la Loire Inférieure. La mer, je courais après elle, elle courait après moi, tous les deux, on faisait ce qu'elle voulait. C'était comme les contes de fée : elle changeait les gens. A peine arrivés, ils n'avaient plus la même couleur, ni la même façon de parler. Ils étaient remis à neuf, on aurait dit des autres. Elle changeait aussi les choses et elle les expliquait. Avec elle, je savais l'horizon, le flux et le reflux, le crépuscule, l'aube, le vent qui se lève, le temps qui va trop vite et qui n'en finit plus. Et puis, la nuit qui tombe, le jour qui meurt et un tas de choses qui me plaisaient et que loin d'elle, très vite, j'oubliais. C'était tout petit Pornichet, un peu sauvage, mais il y avait le facteur, des pêcheurs, des marchands de cœur à la crème, et même une fois, un cirque est arrivé avec quelques pauvres animaux savants et un clown […] Comme nous allâmes jusqu'au Croisic, au bourg de Batz, et quand nous revîmes quelques jours plus tard, après nous être arrêtés ça et là, nous trouvâmes le garde champêtre, tapant sur son tambour, et annonçant qu'une famille de parisiens, laissant la porte ouverte et leur chat affamé, avait disparu et sans doute emporté par la mer ! […] Tout près de Pornichet où nous habitions une petite maison, il y avait la Baule. Une immense plage comme le Sahara sur les images, avec, au beau milieu, un petit café-casino sur pilotis, et des méduses échouées par milliers sur le sable et qui tremblaient comme des crèmes renversées abandonnées par la mer qui les reprendrait peut-être, je le souhaite pour elles, à la prochaine marée […] Comme on revenait souvent à la nuit tombante, mon père disait que c'était tout à fait "la Fuite en Egypte" désignant sous la lune, les blanches pyramides des marais salants".

J. Prévert - Enfance

 

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