LE REMBLAI : CONTEMPLER & RENCONTRER

Au début de la création d'une station balnéaire, les investisseurs édifient un mur séparant le domaine maritime des nouveaux quartiers afin d'établir une véritable garantie contre les tempêtes. L'espace entre ce mur, paroi verticale construite sur la grève, et les jardins des villas, permet d'obtenir une plate-forme de circulation. Ce remblaiement donne ainsi naissance au "remblai", qui joue alors le rôle de boulevard parisien. Les villégiateurs déambulent pour admirer l'océan, les baigneurs pour rencontrer les villégiateurs.

Ce double sens de vision sur le boulevard "Voir et être vu" conforte l'installation sur cette promenade des équipements touristiques et ludiques qui pérennisent la vie d'une station. Les hôtels, qui accueillent les touristes de passage, et le casino où se déroulent les fêtes se doivent d'avoir vue sur mer et être suffisamment imposants pour que la clientèle puisse être remarquée quand elle y entre ou en sort. Le point de vue est superbe et la mise en scène, parfaite.

(Musée municipal contrôlé - Association pour l'animation de l'Ecomusée de Saint-Nazaire)

Voilà l'éclairage historique et géographique de l'apparition de remblai dans les villes en bord de mer. A Pornichet, le remblai a été construit sur les dunes ne cherchant pas à répondre à la contrainte citée plus haut (barrage contre les tempêtes). Rêvons d'un jour où les voitures sortiront enfin de ce remblai pour laisser place à une promenade ouverte à tous : piétons, cyclistes et rollers …

LE CASINO, KURSAAL

Le casino (petite maison en italien) est un lieu où les villégiateurs se rencontrent pour converser et s'amuser. Le Kursaal (salle des curistes en allemand) a la même fonction, mais ce nom est banni après la guerre de 1870. A partir des années 1880, les riches villégiateurs en séjour sur la côte sont à l'initiative de la création des 1ers cercles de jeux d'argent. Baccara, billards, petits chevaux sont les premiers jeux autorisés par le ministère de l'Intérieur. Dans les années 1920, la roulette s'impose.

La salle de théâtre ou de concert reçoit des troupes des boulevards parisiens pour distraire les villégiateurs. L'écrivain Julien Gracq se souvient des séances de cinéma sur la terrasse du Kursaal de Pornichet :

"En dix ou douze ans, l'idée que je me faisais de la vie luxueuse s'était centrée sur le casino de Pornichet, où je passais chaque été une quinzaine. Je l'avais vu fermé pendant toute la guerre, tandis que se délavait peu à peu à son fronton l'ignominieuse appellation de Kursaal qui avait dû lui valoir ce congé d'infamie… Avec l'armistice, le Kursaal fut balayé, repeint, rouvert, et rebaptisé Casino, après, je pense, une discrète cérémonie expiatoire. C'était un établissement bien modeste : à l'arrière, côte à côte, un bar et une salle de jeux donnaient sur une maison pelouse gagnée sur le sable des dunes ; on y voyait encore pousser ces menus œillets maritimes odorants dont les estivants ont depuis, je pense, éteint l'espèce -deux ou trois cèdres, assez beaux, en faisaient le fond et la séparation des villas. Mais, devant, il y avait une grande terrasse, couverte d'un velum, qui surplombait la plage et où on accédait par un escalier qui plongeait directement dans le sable ; le vent de mer y circulait partout dans un vaste claquement de toile. Rien n'était gai au soleil de cinq heures, quand la mer était pleine, comme cette terrasse claquante de vent qui s'avançait en proue et dominait le sable d'un bordé de navire, ceinturée par les cris, le remue-ménage de fête de la marée haute. Mais la fête, c'était surtout le soir, quand il y avait cinéma. On tendait un écran de toile sur le bord de la terrasse, face à la mer : de chaque côté du drap magique, quand la mer s'approchait, on voyait naître au fond de la nuit et crouler l'une après l'autre de fantomatiques barres blanches, dans un tonnerre qui allait croissant : ces grandes orgues de la nature, qui envahissaient peu à peu la scène, ajoutaient beaucoup pour moi à l'émotion montante du drame : autour des guéridons de faux marbre, où nous buvions des citronnades, les spectateurs frissonnaient un peu et se pelotonnaient dans leurs manteaux, et je crois même quelquefois leurs couvertures".

Un projet de casino à Bonne-Source est né en 1895, mais celui-ci n'a jamais vu le jour.

LES OCEANES

Boulevard des Océanides

Ce grand ensemble à vocation touristique fut construit à la fin des années 1980. Il abrite une résidence de tourisme, un hôtel, des commerces, le centre de réadaptation fonctionnel et le centre de thalassothérapie. Ce sont les Sœurs de la Pension Sainte-Famille, à Bonne-Source, qui sont à l'origine des premières cures de thalasso. En effet, elles avaient installé des cabanes en bois sur la plage, les patients s'y tenaient nus et les Sœurs leur jetaient des seaux d'eau de mer qu'elles se passaient en faisant la chaîne.