En visitant la villa, on découvre l'histoire urbaine et architecturale
des stations de la côte d'Amour. "Découvreurs" de lieux,
financiers, promoteurs, spéculateurs : en quelques dizaines d'années,
des personnages hors du commun façonnent un nouveau paysage parfois
au prix d'importants travaux.
Mais, ce que l'on retient avant tout du balnéaire, ce sont ces
fameuses villas.
Véritable matière première de la station balnéaire,
les architectes s'autorisent alors toutes les licences. La villa suit
les caprices de la mode et n'a pour règle que la frivolité
et le pittoresque. Car ces nouveaux territoires ont permis aux architectes
de laisser éclater leurs inspirations. Si les maisons balnéaires
sont avant tout des maisons noyées dans la verdure, largement ouvertes
sur l'extérieur, leurs styles diffèrent totalement l'une
de l'autre. Lotie plus tardivement que d'autres littoraux, la Côte
d'Amour, et particulièrement Pornichet, est un carrefour d'influences
architecturales et peu d'endroit présentent une telle diversité
: Néogothique, classique, régionalistes (breton, basque
…), autant de styles qui se côtoient pour former "l'architecture
balnéaire". Alors, le mélange des genres triomphe sans complexe.
(Musée municipal contrôlé - Association pour l'animation
de l'Ecomusée de Saint-Nazaire)
LES PAVOTS
Place du maréchal Leclerc - 1910
Cette villa d'angle présente une frise à cabochon qui met
en valeur la toiture. Les balustres en céramiques architecturale
soulignent les fenêtres accompagnées de sculptures.
LE BOURBONNAIS
10 avenue Cavaro - 1910
Le style normand de cette villa est très répandu dans l'architecture
de la fin du XIXème siècle.
VILLA FLEURS DE France
1898 - Architecte : Van Den Broucke
Granit et truffeau
35 avenue du Littoral
La décoration d fleurs de lys sculptées fut composée
en mémoire du Comte de Chambord. De même, autrefois, le faîtage
du toit en zinc était agrémenté de fleurs de lys.
Désormais, cette villa abrite une colonie de vacances.
VILLA MALGRE TOUT
Avenue Yolande
Le 9 janvier 1845, Jacques-Yves Berthaud, un petit armateur nantais, se
rend avec sa femme à une adjudication des dunes d'Escoublac. Il
se porte acquéreur de 562 hectares de dunes pour la somme de 1
100 francs. Il ne sait pas où sont situées exactement ces
dunes. Tout ce qu'il sait, c'est qu'elles se trouvent au bord de la mer
et il croit fermement en l'essor des bains de mer. Sitôt arrivé
sur les lieux, il tombe fou amoureux de cet endroit et décide de
le développer. Comme c'est un amoureux des plantes, il plante des
pins afin de fixer les dunes, traces des avenues convergeant vers l'océan
et crée la Société des Dunes, société
qui se chargera de revendre les terrains par lot.
M. J.-Y. Berthaud se fait également construire une villa sur un
parc de 50 hectares. Pour la construire, il fait appel à son beau
frère, Hippolyte Durand-Gasslin, un architecte, qui est également
l'architecte du passage Pommeraye à Nantes.
Il appelle sa villa "Malgré tout", car la petite côte qui
monte à la gare (actuellement l'Avenue du Général
de Gaulle) s'appelle la Côte de Malgré-Tout.
L'avenue qui borde la villa est appelée avenue Yolande, du prénom
de sa femme.
VILLA "KER NOËL"
Avenue du Rêve
C'est une villa construite dans les années 1920-1925, par Monsieur
De Lavignère, un homme du Limousin. Monsieur De Lavignère
était tout d'abord propriétaire de Ker Coët, situé
sur la côte. Puis il vend une gendarmerie qui lui appartenait dans
le Limousin et se fait construire "Ker Noël". Aujourd'hui cette villa
appartient toujours à la même famille. Cette villa est particulièrement
intéressante par son orientation par rapport à la rue, son
fronton octogonal et ses parements de brique (la brique permettait d'apporter
de la couleur à un bâtiment. De plus, il y avait une briqueterie
à Pornichet, du côté des Forges).
VILLA "CHARIVARI"
2 avenue du Rêve
Cette villa est particulièrement intéressante pour sa frise
d'inspiration végétale. Les architectes du début
du siècle étaient libres dans la composition de leur ouvrage,
suivant un seul credo : l'originalité. Il fallait que la villa
soit la plus originale possible de façon à être remarqué.
Les villas du début du siècle sont très mal agencées
intérieurement puisque l'on arrivait en vacances par le train pour
plusieurs mois, avec les enfants, la famille et la domesticité.
Il fallait donc coucher un maximum de personnes dans un minimum de place.
D'où un nombre important de chambres, une salle de réception
assez grande, mais très peu de sanitaires.
Une fois construites, les villas étaient vendues (et revendues)
meublées, car en arrivant par le train, on ne pouvait pas transporter
de meubles. Certaines villas ont encore conservées leur mobilier
d'origine.
VILLA "KER BON ACCUEIL"
120 avenue du Général de Gaulle
Cette imposante villa balnéaire construite en 1910 par l'architecte
A. Vassel (inscription sur la façade) fût construite pour
Monsieur Vigner, entrepreneur de travaux publics (il participa à
la construction de la voie ferrée reliant Saint-Nazaire au Croisic,
terminée en 1879, il travailla également sur les chantiers
du Port du Havre et de Casablanca au Maroc). Il avait 8 enfants. Lors
du partage, la maison échut à sa fille Caroline, épouse
d'Achille Bertoye, un avoué nantais et Maire de Pornichet de 1919
à 1945. Avec l'accord de sa femme, il décide de léguer
à la ville sous la forme d'une rente viagère calculée
sur le salaire de base d'un manœuvre (somme dérisoire à
l'époque). La villa devint donc Hôtel de Ville en 1950. La
Municipalité en conserve l'usufruit à la seule condition
de toujours l'utiliser comme bâtiment public. Si tel n'est pas le
cas, elle reviendra aux descendants de Monsieur Bertoye.
Cette villa est particulièrement remarquable par ses dimensions,
ses différents appareillages de pierre et sa modénature
en bois de la grande lucarne, qui rappelle des feuillages.
VILLA "LA PALUSSIERE"
Avenue du Général de Gaulle
Cette villa a été construite en 1883. Elle porte le nom
de son 1er propriétaire : Monsieur La Palussière,
qui possédait une fonderie de fonte à Mauves-Sur-Loire.
C'est de ses fonderies que proviennent la majorité des statues
de Nantes et notamment celles de la place Royale. M. La Palussière
a également participé financièrement à la
création du restaurant La Cigale à Nantes.
M. La Palussière était très ami avec son illustre
voisin, Henri Sellier, artiste dramatique et ténor à l'Opéra
de Paris. Celui-ci louait la villa La Palussière pour répéter
l'Opéra "Sigurd" car cette villa a une très bonne acoustique
(l'Opéra "Sigurd" a été joué à guichets
fermés pendant des années). Pendant un temps, la villa s'est
appelée villa "Maurice", prénom d'un des fils de M. La Palussière
qui est mort à la guerre.
Monsieur La Palussière a énormément participé
au développement de la côte et de la commune puisqu'il a
cédé une partie de ses terrains pour le champ de courses.
Les écuries et les garages de cette villa ont été
transformées en une habitation et est louée.
VILLA LAKME
1890 - Granit
125 avenue du général de Gaulle
La façade de cette villa est agrémentée d'ne véranda
et d'une galerie. Les cheminées sont sculptées. Un petit
bow-window fait face à la mairie.
VILLA "SIGURD" et "SALAMBÔ"
Avenue du Général de Gaulle
Ces deux villas furent construites en 1880 pour Monsieur Henri Sellier,
ténor à l'Opéra de paris. Il leur attribua les noms
des deux opéras dans lesquels il a triomphé. Il séjournait
tantôt dans l'une, tantôt dans l'autre et y invitait souvent
ses amis artistes, ainsi que son ami et compositeur Ernest Reyer, auteur
de "Sigurd".
La villa "Sigurd" est remarquable par ses couleurs. En effet, la couleur
permettait aux propriétaires de personnaliser leur villas, toujours
dans un souci d'être vus. Les communs de la villa "Sigurd" sont
aujourd'hui transformés en commerces et lieux d'habitation.
VILLA L'ORIENTALE
3 rue de l'Hermitage
Cette villa a été construite en 1909 pour une famille revenant
du Comptoir français de Pondichéry aux Indes. Cette famille
a fait appel à l'architecte Antonin Viale pour établir les
plans. Elle est originale par ses mosaïques colorées, ses
tuiles émaillées turquoises et son plan en croix rappelant
celui des églises.
Par la suite, cette villa fut abandonnée pendant des années,
squattée et incendiée à deux reprises. En 1998, elle
est rachetée par un particulier, qui récupère les
plans d'origine et décide de la reconstruire à l'identique,
hormis les minaret qui fut jugé inesthétique. Le propriétaire
actuel y ajoute également une cuisine car la villa n'en possédait
pas : comment les domestiques faisaient la cuisine, nul ne le sait …
Les plans d'origine du jardin ont également été récupérés
et vont être redessinés à l'identique.

VILLA "ALGER"
6 avenue de l'Océan
M. PAVE, Directeur à l'époque d'un grand magasin parisien,
fit édifier dans les années 20 quatre villas appelées
"Les chalets Pavé" : "Alger", "Mogador", "Tunis" (aujourd'hui appelée
"les Farfadets") et "Tamatave" (malheureusement aujourd'hui détruite).
Monsieur Pavé était un ancien colon, d'où les inspirations
originales de l'architecture de ses villas.
La villa "Alger" est remarquable par les éléments architecturaux
typiques balnéaires :
- son oriel (=bow-window en hauteur) qui servait à se préserver
du soleil tout en profitant de la nature
- sa frise d'inspiration végétale : on utilise beaucoup
d'éléments de décoration rappelant le milieu dans
lequel on se trouve (nature ou mer)
- le travail du bois sous-toiture : l'élément bois est
très présent dans l'architecture balnéaire typique
- la couleur : au début du siècle, la couleur est très
importante et varie beaucoup d'une villa à l'autre.
VILLA "SWEET-HOME"
9 avenue de l'Océan
En 1901, Monsieur Rouveau, un importateur de fruits rares et exotiques,
tombe amoureux de Pornichet-les-Pins et cherche une villa à acheter.
Un notaire lui en propose 3 et Monsieur Rouveau décide de toutes
les acheter. Il s'agit de "Silésie", "Cilaos" et "Sweet-Home".
Le petit-fils de Monsieur Rouveau, qui a quatre fils, décide qu'à
sa mort, on tire au sort pour répartir les villas entre ses héritiers.
L'héritier qui n'obtient pas de villa, hérite d'une ferme
en campagne, mais vient encore passer ses vacances à Pornichet
chez ses frères. Les villas appartiennent toujours à la
famille Rouveau.
Ces 3 villas ont été réquisitionnées pendant
la guerre pour y accueillir des réfugiés nazairiens.
VILLA "JENNY MAGUE"
61 avenue de Mazy
Cette villa fut construite en 1923 par un architecte nazairien très
connu dans la région, Georges Vachon (il a également construit
"Ker Souveraine"). Les noms des villas sont assez fantaisistes puisqu'on
s'inspirait de sa famille, de son métier, du nom d'une ville pour
les baptiser. C'est le cas pour "Jenny Mague" : ce sont en fait les surnoms
des filles des premiers propriétaires, Jeanne et Marguerite.
VILLA "LES MANILLONS"
5 avenue Mondain
Cette villa qualifiée de petit balnéaire fut construite
en 1925 pour la famille Dieudonné, qui était une famille
de fabricants de cartes à jouer du Maine-et-loire (il existait
alors 3 fabricants en France de jeux de cartes). Ces fabricants seraient
à 'origine du jeu de la manille, d'où le nom de la villa.
LE "BLOCKHAUS"
Avenue Lucie
A la déclaration de la guerre, des brasseurs du nom de Cougoulic
et propriétaires du terrain enf ace durent fuir. Afin de protéger
leur terrain, ils y apposèrent un panneau portant la mention "propriété
suisse". Quand les allemands arrivèrent à Pornichet, ils
n'osèrent pas toucher à ce terrain et préférèrent
construire un blockhaus dans le jardin de la villa "les Manillons" et
la villas d'à-côté. Imaginez la stupeur et la colère
des propriétaires des deux villas quand ils découvrirent
celui-ci …
Ce blockhaus servit pendant un temps de prison ainsi que de
liaison radio entre Saint-Nazaire et Lorient.
VILLA "PRIMAVERA" & "FARANDOLE"
Avenue de Mazy-Plage
Ces deux villas offrent comme beaucoup d'autres villas à Pornichet
la particularité d'être parfaitement jumelles. Cela permettait
une bonne utilisation de terrains étroits et cela permettait également
aux propriétaires de faire construire une villa pour lui et de
revendre l'autre, en limitant les frais de construction.
Ces deux villas sont également remarquables par leur oriel et leur
plaque émaillée portant leur nom.
VILLA "KER SOUVERAINE"
202 boulevard des Océanides
Cette villa, de style néoclassique italien, fut bâtie en
1925 par l'architecte Georges Vachon, pour la Comtesse Delanoué
qui en avait vu une à peu près identique dans le sud de
la France. Elle n'était pas Comtesse, mais demi-mondaine ("Cocotte")
et avait pour amant Lucien Rosengart, un riche industriel associé
à Citroën. C'est lui qui lui a offert la villa. Pourtant,
les mœurs de la Comtesse Delanoué étaient assez originales
puisque lors de sa liaison avec M. Rosengart, elle avait accepté
de mettre une publicité vantant les mérites de Peugeot sur
la façade de sa villa.
Par la suite, la villa fut revendue au Sénateur Colombel, propriétaire
des laboratoires pharmaceutiques de l'Urodonal. Monsieur Colombel y a
accueilli des amis célèbres, tels que Léon Blum (en
1939) et Alphonse XIII, Roi d'Espagne. A sa mort, la veuve Colombel revend
la villa à la famille De Carbon, des industriels suisses qui sont
à l'origine du principe des amortisseurs que nous avons actuellement
sur nos voitures.
Cette famille est toujours propriétaire de la villa.
A sa construction, la villa était blanche, hormis les frises. Ce
n'est que dans les années 1950 que l'on a peint en rose certains
éléments et que l'on a rajouté les pots en acrotères.
Le balcon à colonnades (macaron) protège une tête
de femme à cheveux longs, auréolée de roses et de
feuilles, sur fond d'éventail déployé.
Quatre sirènes de style néoclassique italien sont peintes
dans quatre rectangles sur le fronton de la façade.
Cette villa a la particularité d'avoir conservé son mobilier
d'origine : art déco, chinois, breton et Louis XV. Elle est également
frappée d'une interdiction de démolition et est construite
en béton armé.
Certaines personnes qui n'aiment pas ce type d'architecture l'appelle
"le gâteau de communion de la baie".
LE CHALET DES ROSES
7 avenue de la Chapelle
Cette villa, construite en 1880, fut habitée pendant un temps par
l'armateur du célèbre tois-mâts nantais : le Bélem.
Cette villa est à admirer pour son balcon filant en fer forgé,
son lambrequin (=sa frise sous toiture, qui fait le tour de la maison)
et sa plaque émaillée qui porte le nom de la villa. Comme
beaucoup de propriétaires de villas à Pornichet, ceux-ci
ont eu la désagréable surprise d'y trouver un blockhaus
dans leur jardin. Pendant la guerre, cette villa a servi de maternité
et ce sont les Sœurs de la Pension Sainte-Famille qui venaient aider les
femmes à accoucher.
VILLA GWENDIGUEZ
9 avenue de la Chapelle - 1910
Le style de cette villa imite l'architecture médiévale,
avec sa tour d'angle surmontée d'un simili hourd.
VILLA ROSA
Avenue de l'Hermitage
Cette imposante villa fut tout d'abord une maison particulière.
Par la suite, elle fut transformée en pension de famille. Puis,
elle fut divisée en copropriété comprenant 14 appartements.
En 1936, avec les congés payés, on comptait une trentaine
de pensions de famille et une vingtaine d'hôtels.
VILLA KER JULIETTE
1880 - granit - 2 avenue des Bleuets
Architecte : Van Den Broucke
En 1880, Charles Mercier, avocat parisien, se porte acquéreur
d'une vingtaine d'hectares de dune que le Comte de Reaulx lui vend. Tout
près de la mer, il garde environ 3 hectares pour y construire une
villa qu'il appelle Ker Juliette, du prénom de sa femme. Il divise
une partie de sa propriété en lotissements, qu'il vend à
des prix raisonnables. L'ensemble est baptisé Sainte-Marguerite,
du nom de la patronne de sa fille. Charles Mercier devient le premier
Maire de Pornichet en 1900. En 1951, la villa Ker Julierre est acquise
par Rhône Poulenc. A proximité, la villa Ar Baun appartient
au professeur Henri Becquerel, prix Nobel de physique en 1903, en même
temps que les Curie. Ses recherches sur les rayons -Ar Baun en
breton-, l'amènent à découvrir la radioactivité.
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