USINE DES CYCLES ET AUTOMOBILES IMPETUS

" Impétus " ???

Posez donc la question à un pornichétin...il serait étonnant qu’il en ait entendu parler.

A moins que vous ne rencontriez quelques-uns uns de nos aînés qui vous dira " Ha oui, je me souviens, c’était l’ancien nom de la place où il y a le dauphin ! ". C’est bien cela, nous y sommes.

La place que beaucoup de pornichétins appellent place du dauphin, dans le quartier de la gare, s’appelle en réalité place FOCH, mais son nom initial fut place Impétus, c’était au début du siècle. Ce nom fut conservé jusque dans les années 30. Aujourd’hui, il existe un poste électrique, avenue MONNIER, qui porte toujours le nom d’Impétus.

Mais qui était donc " Impétus " ?

C’était le nom d’une entreprise de fabrication de cycles et d’automobiles. Eh oui, il y avait cela à Pornichet à l’aube du XX siècle.

A la naissance de l’automobile, la France comptait de nombreux constructeurs qui développaient parfois des solutions originales pour la locomotion. Il y avait alors une lutte acharnée entre les partisans de la locomotion à vapeur, au pétrole ou à l’électrique. Mais le plus souvent, ceux-ci concevaient et construisaient le châssis, réalisaient la carrosserie à la demande du client et achetaient un moteur à pétrole - plus facile à mettre en œuvre - à des spécialistes déjà reconnus comme DE DION BOUTON ou ASTER.

1900 et la décennie suivante vit la disparition quasi complète des véhicules électriques et à vapeur malgré quelques belles performances. En effet, Camille JENATZY avait été le premier à franchir les 100 km/h avec sa " Jamais contente " qui était une voiture électrique, c’était en janvier 1899 !

Les petits constructeurs d’automobile des débuts, commençaient donc par la fabrication de cycles, puis adjoignaient un moteur à ces cycles pour obtenir des " motocyclettes ", ou des " tricycles à pétrole " pour aborder ensuite la construction de " voiturettes " du type " vis à vis " ou " Victoria " par exemple. L’étape suivante était alors la construction des " voitures légères " et des " voitures ".

C’est le cheminement qu’a eu Henri HERTEL, fondateur de la marque " Impétus ".

Quelle est donc l’origine du nom " Impétus "? Monsieur Hertel fils nous confie : " mon père étant impétueux dans ses actions, il inventa ce nom pour caractériser la qualité de ses voitures ". Reprenons la signification du mot impétueux dans le dictionnaire : du bas latin " impetuosus ", de " impetus " : élan attaque. Dont l’impulsion est violente et rapide. Qui a de la rapidité et de la violence dans son comportement.

Le premier établissement de la marque est né en 1892 à Paris et, après avoir vendu celui-ci, Henri HERTEL vint à Pornichet en 1895 où il procéda à l’installation d’une usine pour la construction générale ainsi que la réparation de cycles, motocycles et automobiles. Comme le reprend son fils : " mon père est arrivé avec de très gros moyens à Pornichet au début du siècle, il devint propriétaire de terrains au Bois d’Amour, de villas et d’un hôtel ", il fit également construire le chalet Castel CALIGNY, ainsi qu’un vélodrome.

Les locaux de cette usine étaient situés bien évidemment place Impétus, sur l’actuelle avenue De Gaulle, sur la droite juste avant le passage à niveau du chemin de fer. A cet endroit il existe toujours les locaux du café le " Robinson cycliste ", qui s’appela ensuite l’" Hôtel d’Anjou et de Touraine ", puis le " Grand café hôtel de Paris " et qui est aujourd’hui une supérette.

En revanche le vélodrome a disparu, vraisemblablement détruit dans les années 20. Il se situait avenue du Vélodrome, aujourd’hui avenue Gilbert VAILLANT. Un dénommé VAILLANT de Pornichet a participé à des courses en catégorie amateurs sur ce vélodrome. Peut être s'agit-il d'Albert, père de Gilbert, boucher à Pornichet.

En 1900, la publicité de l’époque indiquait que c’était " la seule maison de la Région dont l’outillage et le personnel permettent de faire sur l’heure toute réparation de Cycles et d’Automobiles ainsi que le nickelage et l’émaillage au four ". Les " sportsmen " de la région étaient donc comblés. Notons qu’à cette date Henri HERTEL avait à nouveau une autre usine à Levallois-Perret en région parisienne. A son catalogue figuraient différents modèles de bicyclettes, un tricycle à pétrole ainsi qu’une voiturette à moteur DE DION BOUTON.

En 1902, la catalogue s’était enrichi de plusieurs modèles de voitures à 1, 2 et 4 cylindres à transmission par chaînes.

C’est à Monsieur HERTEL fils que nous devons toutes les informations suivantes. Il pense que l’usine de Pornichet aurait fonctionné jusqu’en 1910-1912 et il précise que son père a vécu à Pornichet jusqu’en 1920 pour aller vivre ensuite en Bretagne du nord. Pendant la première guerre mondiale, comme l’atteste son passeport, Henri HERTEL, qui était également officier de marine, navigua entre l’Europe et l’Amérique du sud pour alimenter l’armée française en cuivre.

Voici donc un peu de l’histoire d’une marque et surtout d’un personnage entreprenant qui a contribué à faire connaître Pornichet au début du XX siècle. Nous lui devions donc de leur rendre hommage pour l’évocation du Centenaire de notre ville.

Rémy MOREAU le 15 mars 2000